La voiture : de l'usage passionnel à l'usage fonctionnel

Les Français changent leur rapport à la voiture, c’est une bonne nouvelle et aussi une alerte sur le coût du transport, jugé trop élevé par la majorité d'entre eux. Outre le développement de l’offre de transport en commun, le développement des infrastructures permettant celle des modes actifs, marche et vélo, constituerait un formidable levier de rééquilibre des modes de déplacement, en particulier des modes porteurs d’une meilleure qualité de vie (pouvoir d’achat, santé, convivialité).

Comme le montre le sondage CSA pour France Nature Environnement, les Français deviennent adultes dans leur rapport à la voiture.
- 90% des automobilistes français considèrent que le budget consacré à leur véhicule est « élevé »
- 49% des automobilistes se déclarent être prêts à louer leur véhicule si cela permet de « grosses économies ».
- 52% des Français seraient « probablement » ou « certainement » susceptibles de réduire l’utilisation de leur véhicule avec une meilleure offre de transports collectifs.
- 82% souhaitent que «l’Etat s’emploie à faire baisser le prix des transports collectifs »
- 1 automobiliste (ou motard) sur 3 envisage de se rapprocher de son travail à cause du prix des carburants

Ce n’est plus la voiture passion, la voiture reflet de leur ego ou d’une ascension sociale : la voiture entre de plus en plus dans le champ du rationnel où elle accède au rang de service. La société française devance les politiques dans leur pratique : la transition énergétique est ici en amorce ! L’usage de la voiture devient fonctionnel : on la loue, on la partage, on l’emprunte. Cette prise de conscience se fait, notamment, à la faveur d’un coût devenu exorbitant : une voiture coûte plus de 3600 € par an.

Malheureusement les politiques transports de nos villes et agglomérations, sauf exceptions, n’accompagnent pas cette tendance. A Angers Loire Métropole, les élus s’apprêtent ainsi à valider un scénario de stabilisation de l’usage de la voiture, sans tenir compte de l’étalement urbain hors agglomération qui accroît le nombre de déplacements automobiles vers la ville centre, qui ne porte le projet d’une deuxième ligne de tramway qu’à l’horizon 2020 au mieux, et qui ne porte aucune ambition cyclable avec un objectif de seulement 5 % de part modale en 2025 par l’absence de véritables aides financières (seulement 300 000 E par an).

Les collectivités locales doivent être plus attentives au coût de plus en plus pesant de l’automobile dans le budget des ménages. Les Français changent de mentalité : la voiture devient de plus en plus un objet rationnel et surtout trop cher pour leur budget. Pour y répondre, outre la nécessité de limitation de l’étalement urbain par la mixité (habitats, entreprise) et la densification de l’habitat des quartiers, les collectivités doivent améliorer leur offre de transport en commun, tant en quantité, qu’en coût et développer largement l’usage des modes actifs, vélo et marche à pied, par des efforts d’infrastructures adaptées à ce développement. Or encore trop peu de collectivités intègrent une telle ambition, leurs édiles étant encore trop “accrocs” à la voiture tandis que leurs administrés s’en détachent de plus en plus.

Bernadette CAILLARD-HUMEAU

A lire : http://www.lagazettedescommunes.com/160623/exclusif-sondage-les-francais-et-la-voiture-un-desamour-naissant/?utm_source=quotidien&utm_medium=Email&utm_campaign=03-04-2013-quotidien <http://www.lagazettedescommunes.com/160623/exclusif-sondage-les-francais-et-la-voiture-un-desamour-naissant/?utm_source=quotidien&utm_medium=Email&utm_campaign=03-04-2013-quotidien>